Tuesday, 2 December 2014

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La vie sociale des travailleurs engagés était axée autour du ‘baitka’, leur rappelant ainsi leur mode de vie en Inde. C’était pour eux un point de rencontre les après-midi, après une journée de travail. Ils se consacraient à la lecture des textes religieux ou tenaient des réunions.
Le ‘baitka’ se trouvait principalement dans les régions rurales de Maurice. C’est ce qu’a déclaré Arjoon Koosul, président du Mauritius Gayatri Pariwar Trust (MGPT). Et d’ajouter que les  jeunes de différents villages s’y rendaient également pour étudier les textes sacrés de l’hindouisme et apprendre l’hindi.
Alors que les plus âgés s’y rencontraient pour tenir des réunions au cours desquelles ils parlaient en bhojpuri.

Pendant les années précédant l’indépendance de Maurice et après 1968, le ‘baitka’ devient un endroit servant de lobby politique, selon lui. Les chefs d’organisations socio-culturelles y donnaient des mots d’ordre pour les élections générales, appelant leurs membres à voter pour un parti politique ou une communauté spécifique, dit-il.

Arjoon Koosul explique qu’à l’époque coloniale, les membres de la communauté hindoue se consacraient à l’apprentissage de la langue hindi, de la culture et de la philosophie indienne à l’école du soir de leur localité, connue comme le ‘baitka’. L’enseignant, soit le ‘guruji’, y enseignait des prières, des chants en sanskrit et les valeurs fondamentales de la vie, tirées de textes sacrés comme les Vedas, le Rama-yana, les Upanishads et la ‘Bhagavad Gita’.

Les cours, dit-il, étaient dispensés en semaine de 16 à 18 heures pour les enfants et de 18 à 21 heures pour les adultes,  dans certaines régions du pays. “Ces classes ont produit de nombreuses élites de ce pays, en particulier dans l’enseignement des langues orientales. Ces personnes occupent aujourd’hui des postes clés dans le secteur éducatif”, avance-t-il.

Des réunions communautaires, des cours éducatifs et des cérémonies religieuses étaient effectués dans les ‘baitkas’ situés dans chaque village rural. “Ces ‘baitkas’ avaient été fondés pour inculquer les valeurs culturelles, morales environnementales ,sociales et religieuses. On y enseignait également le bénévolat, le soutien aux personnes âgées et aux autrement capables”, lance le président du Mauritius Gayatri Pariwar Trust.

Cependant, actuellement, peu d’endroits sont dotés de ‘baitka’, selon lui. Et d’ajouter que pour le MGPT, le constat est qu’il y a eu au fil des années, une dégénérescence au sein de la société et que le ‘baitka’ perd sa popularité, surtout parmi ceux qui sont passés à l’ère moderne. Arjoon Koosul cite un extrait du livre ‘Lineages of Despotism & Development : British Colonialism & State Power’ de Mathew Lange, assistant professeur en sociologie à l’Université McGill notamment : “le ‘baitka’ a facilité la maintenance préventive et la propagation de la tradition et de la culture ancestrale”.

Et de conclure qu’en 1946, la Colombie avait envoyé Kenneth Baker, un organisateur syndical, à  Maurice. Ce dernier a pu interagir avec les travailleurs agricoles à travers les ‘baitkas’, au lieu de mettre en place une organisation distincte pour fournir l’éducation syndicale.



Autrefois...

Les ‘baitkas’ étaient également des lieux de discussions formelles et informelles sur des sujets aussi variés que le travail, la famille et la politique, entre autres.

Autrefois, ils étaient souvent construits sous les perches des feuilles de ‘ravinala’ et des tiges de ‘fatak’ tout en étant consolidés par des poteaux de bambous.

Le toit était fait de feuilles de cannes sèches. Alors que les murs et le sol étaient recouverts de boue et de bouse de vache. Les ‘baitkas’ étaient fondés dans les camps sucriers et des villages. Ils étaient créés par des communautés rurales particulières.

Dans les camps sucriers, les membres du baitka étaient des laboureurs de la propriété.

Dans les villages, les membres étaient des laboureurs et des travailleurs exerçant dans d’autres types d’activités. D’habitude dans les camps sucriers, la personne désignée comme responsable d’un groupe de laboureurs, avait le statut du chef.

Tandis que dans les villages, les dirigeants des ‘baitkas’ étaient des ‘sirdars’, des recruteurs de main d’oeuvre et des propriétaires terriens.



“Lorsque je jette mon regard tout autour, je rencontre les ruines d'une orgueilleuse civi-lisation qui s'écroulent et s'éparpillent en vastes amas de futilités. Pourtant je ne céderai pas au péché mortel de perdre confiance en l'homme : je fixerai plutôt mon regard vers le prologue d'un nouveau chapitre dans son histoire.”
— Rabindrananth Tagore (Gitanjali)


Tous ensemble !

“Aucun mandir, kovil, shivala et mandiram n’existerait si les travailleurs engagés n’étaient pas venus de l’Inde à Maurice.” C’est ce qu’a déclaré le Swami Saraswati Satyakamananda de l’Ashram de Beau-Climat situé dans le village de Nouvelle-France.

Il nous raconte qu’assis sous des arbres, nos ancêtres, notamment les travailleurs engagés, effectuaient des prières et des rituels, dont le sacrifice de feu qu’on appelle le ‘hawan’. Cela tout en disant les versets de textes sacrés védiques du Sanatana Dharma, tels que le Ramayana, le Maha-bharata et la Gita, entre autres.

Le Swami Saraswati Satyakamananda explique que les travailleurs engagés se rassemblaient pour étudier et promouvoir le chant védique qu’englobe le Sanatana Dharma. Ainsi, dit-il, ce rassemblement est appelé le ‘baitka’. La racine du mot ‘baitka’ est dérivée du mot hindi ‘baithak’ qui signifie être ensemble.

 Elle peut aussi être dérivée de ‘baithna’ voulant dire s’asseoir. “Ici le ‘baitka’ ne signifie pas s’asseoir mais être dans les mains divines comme un bébé sur les genoux de sa mère”, dira le swami. Et d’ajouter que le ‘baitka’ est aussi un lieu pour chanter et louer le Dieu ultime.

“Grâce au partage de la connaissance spirituelle, les gens vivent comme des bons êtres humains”, dit-il.

Il raconte qu’autrefois les gens étaient vraiment pauvres mais leur coeur était plein de compassion pour l’autrui sans distinction de religion, croyance et caste et qu’ils se respectaient les uns les autres. “Le ‘baitka’ est une véritable institution de l’éducation spirituelle qui permet à plusieurs communautés de vivre en harmonie”, dit-il.

 Et de conclure que la vraie éducation spirituelle apporte l’unité dans la diversité, comme le témoigne la présence des ‘baitkas’ d’autrefois, dans chaque village à travers l’île. “Ces jours devraient revenir afin d’unir notre île arc-en-ciel”, dit-il.

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